Dans cette interview captivante, Mme Linda Nguema partage avec nous son parcours inspirant et offre des conseils précieux pour construire une carrière professionnelle solide et durable. Elle aborde les défis qu’elle a surmontés, les leçons qu’elle a tirées de ses expériences, et les stratégies qui lui ont permis de réussir.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ? Qu’est-ce qui vous a conduit à vous orienter dans la finance ? 

J’ai découvert la finance après mon Baccalauréat option Economie au sein de la BGFI BUSINESS SCHOLL à Libreville où j’ai suivi une Licence en Banque -Finance et Assurance avant de m’envoler pour le pays le Sénégal (pays de la Teranga) pour faire un MBA option Ingénierie Financière.

De manière académique, mes études m’ont conduit directement dans la banque, cependant ma passion est née depuis le collège où je participais à des ateliers sur le développement des micros entreprises, les films sur les banques et surtout le dress code de la finance. 

Mon parcours professionnel s’est enrichi au fil de mes expériences au sein de COFINA Sénégal, COFINA Gabon, AMIFA Gabon et ECOBANK Gabon. Je suis devenue chargée d’affaires grâce à un de mes mentors EDGARD MENDY (directeur au sein du groupe COFINA) et surtout par l’exemplarité de mon ancien chef d’agence Feue NDEYE FATOU FALL qui avait une force de caractère sur un terrain dominé par les hommes. 

La finance englobe plusieurs domaines d’activité qui permettent et structurent le financement des agents économiques ayant des besoins en capitaux. J’ai d’abord orienté mon parcours vers la microfinance, et aujourd’hui, j’évolue dans une banque commerciale.

Quelles sont les principales étapes qui ont marqué votre carrière jusqu’à présent ?

Ma carrière a débuté par mes premiers stages chez LOXIA EMF en tant que chargée clientèle terrain, puis j’ai travaillé comme téléconseillère pour le géant AMAZON, avant d’évoluer en tant que chargée clientèle et chargée d’affaires Retail et Entreprises au sein de COFINA, ECOBANK, et aujourd’hui à AFGBANK.

Ces passages en microfinance m’ont aidé à développer les réflexes et les bases essentielles du métier de chargée d’affaires. J’ai eu l’opportunité de collaborer avec des personnes extraordinaires, compétentes, intègres et dévouées, qui ont profondément influencé ma vision du métier. Elles m’ont surtout appris que l’objectif ne devait pas être de courir après l’argent, mais plutôt de développer ses compétences en visant toujours l’excellence. Pour moi, l’excellence n’est pas une option, mais une exigence.

Les banquiers sont très souvent perçus comme insensibles face aux besoins de financement des clients, alors que nous jouons un rôle crucial en tant qu’intermédiaires entre les épargnants et les demandeurs de crédit. Les procédures doivent être strictement respectées pour garantir notre sécurité à tous.

J’ai tellement d’anecdotes de ces moments où je me réfugiais dans les toilettes pour pleurer après avoir été violemment insultée, menacée ou réprimandée par des clients.  Malgré tout, nous faisons preuve de compassion et de compréhension.  D’ailleurs, nous avons plusieurs formations en expérience client que je propose également.

En quoi consiste concrètement votre rôle de Chargée d’affaire Entreprise à AFG BANK ex BICIG?  

J’ai pour mission principale d’optimiser la rentabilité de mon portefeuille à travers l’acquisition, la fidélisation et la gestion des clients entreprises. Mon rôle consiste à instaurer un partenariat gagnant-gagnant entre la banque et ses clients en proposant des produits et services bancaires adaptés à leurs besoins.

Quelles sont les compétences clés nécessaires pour réussir dans ce métier ?

Pour réussir dans mon domaine, il est essentiel de bien maîtriser la gestion de la clientèle, de faire preuve de proactivité, d’autonomie. Un diplôme en Banque, Finance, Assurance ou ingénierie Financière est souvent requis.  Il est essentiel de faire preuve d’une grande polyvalence.

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans ce métier, et quelles sont vos plus grandes satisfactions professionnelles ? 

Le défi de prospecter de nouveaux clients, d’apprendre continuellement et de voir se concrétiser les projets financés constitue ma principale motivation.

Tout comme un médecin diagnostic, prescrit un traitement pour un patient, nous à réalisons un diagnostic financier de l’état de l’entreprise sur les plans financiers, organisationnels afin de proposons des solutions d’encadrement, de financements ou de restructuration de nos clients 

Une entreprise ne se résume pas à un simple besoin de crédit. Elle nécessite avant tout une structuration solide et une gestion rigoureuse de ses charges par son équipe dirigeante.

Ma plus grande fierté a été de participer à l’ouverture d’une grande clinique à Libreville, spécialisée dans la prise en charge des grossesses à risque. Un projet d’accompagnement bien mené donne tout son sens aux nuits passées à peaufiner un dossier. C’est à ce moment-là que l’on réalise que nos efforts ont porté leurs fruits et que notre travail a un impact concret et bénéfique pour la société.

Quels sont les défis les plus fréquents que vous rencontrez dans votre quotidien professionnel ?

Dans un marché hautement concurrentiel, il est essentiel de rechercher constamment de nouveaux clients tout en fidélisant et en développant son portefeuille existant. Cela exige une grande capacité d’innovation et une stratégie centrée sur le client. Par ailleurs, il est crucial de maintenir un équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale. Dans ce métier, il n’est pas de passer plus de 14 heures par jour au travail pour toujours chercher à finaliser un dossier ou veiller au suivi de requête. Bien manger, se déconnecter du travail reste important pour le long terme.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui aspire à une carrière dans le secteur bancaire et plus précisément dans l’ingénierie financière ?

Travailler avec détermination pour atteindre l’excellence. Élaborer un plan de carrière clair et identifier les entreprises dans lesquelles tu souhaites évoluer. Se fixer des objectifs de stage en adéquation avec ses compétences. Être ambitieux, garder la foi en Dieu et, surtout, croire en soi.

Comment voyez-vous l’évolution du monde de la finance dans les prochaines années, notamment en Afrique et au Gabon ?

Le secteur de la finance est en plein essor en Afrique. Personnellement, je suis convaincue que la finance numérique va continuer à se développer au cours des prochaines années, au détriment des banques traditionnelles. Cette évolution représente une réelle opportunité pour l’Afrique, en particulier pour les zones reculées, où le numérique permettra aux populations d’accéder plus facilement aux services bancaires. Pour donner quelques chiffres rapides : le nombre d’entreprises dans ce secteur est passé de 450 en 2020 à 1 263 en 2024, selon un rapport de la Banque européenne d’investissement.  

Un autre constat marquant est le retrait progressif des banques occidentales du continent. Si certains y voient une calamité, je considère plutôt cela comme une aubaine pour l’expertise africaine de s’affirmer et de concrétiser enfin notre idéal de panafricanisme. Jeune Afrique a d’ailleurs identifié plus de 200 banques africaines comme des « championnes », avec une augmentation de 11 % de leur bilan après la crise du COVID et un total de 2 192 milliards de dollars en 2023, selon le rapport annuel de la COBAC. Ces chiffres sont déjà un signal fort.  

Enfin, avec une démographie en pleine croissance et une population de plus en plus familiarisée avec les produits et services financiers, je suis persuadé que l’avenir de la finance en Afrique est prometteur et rayonnant.

Selon vous, quelles sont les erreurs que les jeunes professionnels tous secteurs confondus, doivent absolument éviter pour construire une carrière durable ? 

Pour construire une carrière durable, les jeunes professionnels doivent éviter plusieurs erreurs courantes. D’abord, se plaindre sans fournir les efforts nécessaires peut freiner leur progression. Ensuite, vouloir un gros salaire dès les débuts sans prouver leur valeur est une attente irréaliste qui peut les décevoir. Il est également crucial de prendre des initiatives : rester passif ou attendre qu’on leur dise quoi faire limite leur développement. Le manque d’ambition est une autre erreur majeure, car il est essentiel de viser haut pour évoluer. Enfin, sur le plan financier, ne pas épargner dès le départ et vivre au-dessus de leurs moyens peut créer des problèmes à long terme. Une carrière solide repose sur le travail, la discipline, et des choix stratégiques dès les premières étapes.