Partons au Cameroun, en faisant un détour à Yaoundé, pour une rencontre inspirante avec Madame Stéphanie Christelle Obam, Chargée de communication chez Transparency International. Elle nous plonge dans l’univers fascinant du métier de la communication et nous dévoile sa vision d’une carrière épanouie et réussie.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique et professionnel ?
J’ai eu un parcours de littéraire avec un baccalauréat A4 Espagnol. Après un passage éclair à l’université de Yaoundé 1 où j’ai étudié l’espagnol, je me suis présentée au concours de l’ESSTIC (Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication), que j’ai réussi avec succès. Après trois ans de formation, j’ai obtenu une licence professionnelle en Communication, option Publicité.
Mon parcours professionnel a été marqué par de nombreuses expériences variées. J’ai commencé dans une agence de communication, d’abord comme stagiaire, puis en tant que Chargée des Relations Publiques. Ce fut une expérience enrichissante, mais de courte durée. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rejoindre la Centrale Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et Consommables Médicaux Essentiels (CENAME) comme assistante en communication, où j’ai contribué à l’organisation de grands événements tels que Promote et SAGO 2017.
Après cette mission, j’ai intégré un média où j’ai couvert des événements, rédigé des articles et, surtout, relevé le défi de présenter le journal télévisé de 20h. J’ai également animé une émission que je devais préparer de A à Z, ce qui m’a permis de surmonter ma timidité. Une belle aventure qui s’est achevée en juillet 2018.
Un an plus tard, j’ai rejoint l’ONG Transparency International-Cameroon où je me trouve jusqu’à présent en tant que chargée de communication.
Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir une carrière en communication ?
Pour être honnête, rien ne me prédestinait à une carrière en communication, étant de nature timide et réservée. Tout est parti d’un échange avec un enseignant de l’ESSTIC qui m’a encouragée à tenter le concours en me disant : « Mieux vaut avoir une expérience dans un domaine, ça peut ouvrir des portes, que de ne pas en avoir du tout. » Ses arguments sur les métiers de la communication, notamment la publicité, ont éveillé ma curiosité. Les publicités de l’époque dans l’environnement camerounais, me semblaient souvent manquer d’inspiration, ce qui a renforcé mon intérêt. J’ai finalement tenté le concours que j’ai réussi et je lui reste reconnaissante de m’avoir guidée vers ce domaine.
Comment avez-vous rejoint Transparency International ?
Après mon expérience dans le media évoqué plus tôt, j’ai rencontré l’ancien directeur de Transparency International-Cameroon (TI-C), qui m’a sollicité pour travailler pour un magazine dont il dirigeait . J’ai collaboré avec lui un certain temps, mais il a rapidement compris que ce domaine ne me correspondait pas. Peu après, TI-C cherchait un bénévole pour son service de communication, la responsable de l’époque étant en congé maternité. J’ai passé un entretien réussi et ai ainsi rejoint l’ONG.
Quelles sont vos principales responsabilités en tant que chargée de communication ?
Transparency International a pour mission de lutter contre la corruption et de promouvoir la bonne gouvernance. En tant que chargée de communication, mon rôle est de faire connaître et de rendre cette mission accessible au grand public bien que ce ne soit pas facile tous les jours surtout au Cameroun où les pratiques de corruption ont la peau dure.
Parmi mes principales responsabilités, j’accompagne mes collègues en valorisant leurs travaux, j’organise des événements en collaboration avec les médias (ateliers, conférences de presse, etc.) et je rédige des articles ainsi que des déclarations à destination du public et de la presse. Je suis également en charge de la gestion des réseaux sociaux de l’organisation.
Quelles sont les compétences essentielles pour réussir dans votre rôle ?
Pour réussir dans mon rôle, il est essentiel d’être proactif, dynamique et professionnel. La maîtrise de plusieurs langues (officielles et parfois locales) est un atout pour échanger avec des partenaires variés. La polyvalence est également clé, car nous participons souvent à la recherche et à la rédaction de projets, au-delà de nos missions en communication. Enfin, la confiance en soi est cruciale pour défendre ses idées avec fermeté et faire face aux préjugés du métier.
Quels sont les plus grands défis que vous rencontrez dans votre travail ?
Les défis dans mon travail sont multiples. D’abord, la communication est souvent perçue comme accessible à tous, ce qui amène des collaborateurs sans expertise à donner leur avis, rendant difficile la mise en œuvre de nouvelles idées. Ensuite, le budget alloué à la communication est souvent insuffisant ou mal défini, ce qui limite la planification et la réalisation des objectifs. Les attentes sont parfois démesurées par rapport aux ressources disponibles, avec une pression pour obtenir des résultats dépassant les moyens investis. Enfin, on attend souvent du communicant qu’il soit un fourre-tout (infographe, community manager, vidéaste, etc.) oubliant que la communication est un écosystème de métiers. Ces attentes irréalistes complexifient le travail et freinent l’efficacité.
Pouvez-vous partager un projet ou une campagne dont vous êtes particulièrement fière ?
Je ne parlerais pas d’une campagne à proprement parler, mais plutôt de ces petites réussites qui m’ont marquée et aidée à me révéler. L’une d’elles a été mon expérience en tant que présentatrice TV. Sans formation en journalisme et malgré ma timidité face à la caméra, j’ai osé franchir le pas, ce qui m’a moi-même surprise. Les encouragements de mes collègues, de mon patron et des internautes m’ont montré que mes efforts étaient reconnus et appréciés. C’est un moment que je garde précieusement en mémoire.
De même, organiser un atelier ou une conférence de A à Z, malgré le stress, et voir l’événement se dérouler parfaitement, ou encore découvrir son communiqué de presse relayé par les médias, est une grande satisfaction. Ces expériences, bien que modestes, m’ont permis de grandir et de me surpasser.
travail.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite faire carrière en communication, notamment dans le secteur des ONG ?
Mon premier conseil serait de cultiver une véritable passion pour ce métier. La communication exige de la détermination, et seule la passion vous aidera à surmonter les défis. Développez une personnalité unique et soyez toujours en quête de nouvelles connaissances, car ce domaine évolue rapidement. Restez curieux et adaptable pour rester en phase avec les tendances et proposer des idées innovantes, ce qui ouvrira de nouvelles opportunités, surtout dans le secteur des ONG où la créativité et l’engagement sont essentiels.
Selon vous quelle est la clé pour construire une carrière professionnelle durable en tant que jeune professionnel ?
Pour construire une carrière durable, il est essentiel de définir des objectifs clairs et de s’en donner les moyens, tout en évitant les distractions. Restez en harmonie avec vous-même et cultivez des relations interpersonnelles solides. La clé réside aussi dans la réinvention permanente : soyez curieux, formez-vous régulièrement et acquérez de nouvelles compétences pour rester pertinent et évoluer constamment dans votre parcours professionnel.
Cet article a 4 commentaires
Très bon article. Il ressort vraiment la réalité du terrain concernant ce métier qui est pour de vrai pris comme métier tertiaire dans notre environnement en Afrique qui pourtant est un art; la preuve en est son côté obscure qui lui a un impact plus visible et plus plausible en Afrique . Il est vraiment temps pour les acteurs de ce domaine de ramener ce métier à sa véritable hauteur.
Pour revenir à la publication ce n’est pas une particularité mais un des atouts qu’il faut posséder pour faire ce métier et oser puisque c’est ça l’ultime défi de mon point de vue qui fera la différence vraiment OSER.
Merci pour votre partage aussi inspirant qui pourrait vraiment impacter sur ceux de la nouvelle.
J’ai bien aimé les questions posées et surtout les réponses argumentatives apportées.
D’aucuns pensent que le métier de communication est un métier le plus facile et qu’il suffit d’un clic pour résoudre un problème. Oubliant qu’il faudrait au préalable un ensemble d’analyses et stratégies pour arriver à résoudre un problème.
Très bel article. J’ai aimé la transparence dans les réponses, rien n’a été enjolivé. Le métier de comminicant est en effet perçu comme moindre dans notre environnement. Mais j’ai espoir que grâce à des professionnels comme Mme Obam, on pourra inverser la vapeur! Keep it up!
Très édifiant cet article. Beaucoup de courage dans votre carrière.